Clare | Mieux vaut être indifférent et digne que malheureux et pathétique.

◇ Bring on the fire and bring on the storm  
A onze, sa belle-mère de l'époque c'était mis en tête de lui apprendre à marcher avec des talons. Si vous vous posez la question, non, elle ne trouvait rien de choquant dans l'idée de faire porter des talons de onze centimètres à une gamine qui ne savait pas encore faire ses couettes toute seule. Toujours est-il que c'est ce jour là que sa passion pour les talons hauts à commencer à voir le jour. Depuis ses 16 ans, elle ne les quitte plus. • Sa deuxième passion ? Le café ! Il coule dans ses veines quasiment plus de caféine que de globule rouge. On ne va pas se mentir, au départ elle trouvait cette substance noire absolument abjecte, mais ça faisait grande et mature de prendre un café plutôt qu'un chocolat chaud ; ça avait plus de gueule. D'après son médecin, il faudrait qu'elle réduise sa consommation ... Ce serait comme de lui demander d'arrêter de respirer. • Superficielle ? Non du tout. Elle est juste fan de shopping, surtout quand elle est triste. Les autres pleurent, elle, elle achète des robes chez Chanel et des talons chez Louboutin. C'est pas forcément plus malsain, si ? • Elle se sent mal à l'aise dans les endroits vides. Comme toute New-Yorkaise qui se respecte, elle adore la foule, le bruit, les cafés bondés. Elle est à l'aise comme un poisson dans l'eau, perdue au milieu de la foule. Ne vous y trompez pas, ce n'est pas qu'elle aime passer inaperçue, bien au contraire ; elle adore quand les regards de cette foule aux cent visages se tournent sur son passage. Observée sans être vraiment regardée. • Elle connait tous les codes de la jeunesse dorée de New-York. Elle sait rendre les filles envieuses, les garçons complètement fous et les parents l'adorent. C'est son milieu, elle s'y est fait une place et elle l'adore.

◇ We'll still be standing invincible  

New York, il y a 1 an
Eleanore, chériiiiiie, tu vas où ? Des épaules qui s'affaissent. Une tête qui se tourne. Des yeux au ciel. C'est la réaction instinctive de Clare à chaque fois qu'elle entend la voix sur-aiguë de la blondasse peroxydée qui lui sert de belle-mère. Avec des potes on va mettre des costumes de super héros et faire régner la justice à New-York, dit-elle avec un dédain non dissimulé au fond du regard et un sourire de peste accroché au visage. Ses clés en main, elle claqua la porte d'entrée sans un autre regard en arrière. Un père jamais là, une belle-mère tellement mielleuse que Clare en aurait vomi ; non mais sérieusement c'est quoi cette famille en carton ? Et puis pourquoi elle s'évertuait à l'appeler Eleanore ; Clare ne peut même plus compter le nombre de fois où elle lui a répété de ne plus l'appeler comme ça. Elle saute les marches quatre à quatre, saute au volant de sa voiture et décroche son téléphone. Margot, je suis en route ! Rendez-vous dans 10 minutes ! Elle raccroche, appuie sur l'accélérateur et s'enfonce dans les rues de la grande ville. L'effervescence des soirées New-Yorkaise, Clare elle adore ça. Elle se sent vivante, libre. C'est le genre de fille qu'on invite aux soirées, respectée grâce à son nom de famille. C'est le genre de fille avec qui on a envie d'être vu. C'est pas la fille qu'on aime bien, pas directement du moins, mais elle s'en fout. Clare elle a besoin de personne. Elle a grandit sans ses parents, elle a appris à se démerder toute seule, sans l'aide de personne, et elle en est fière. Personne, sauf Margot. C'est toujours avec le sourire qu'elle se souvient du jour où elle est arrivée à l'école. Débarquée de son coin paumé au fin fond de la campagne. On va pas mentir, Clare passe normalement plus de temps à se moquer des campagnards qu'à les aider, la campagne commençant à l'endroit où New-York s'arrête. Avec Margot c'était différent, elles se sont rencontrées, se sont adorées et ne se sont plus quittées.

Salem, aujourd'hui 
Dis, on a dit qu'on allait rester combien de temps dans ce trou paumé déjà ? Clare vidait sa valise tout en regardant par la fenêtre. La campagne, elle y était maintenant. Elle ferait tout pour sa meilleure amie, mais sans mentir, Salem avait l'air de manquer un peu de boîtes et de magasins de haute-couture. Son téléphone à la main, elle se mit debout sur le lit, le bras en l'air, dans une position aussi pitoyable que risible. Nan attend sérieux ?? J'ai pas de réseau ? Mais tu veux ma mort !! Je sais pas comment tu vas t'y prendre, mais t'as intérêt à te faire pardonner en m'offrant pleins de supers cadeaux une fois ton bouquin terminé ! Clare se tourna vers Margot, un grand sourire aux lèvres, mais tout de même légèrement désespérée par l'absence de technologie de ce trou paumé.
D'un autre côté, il fallait bien avouer qu'elle y trouvait en partie son compte. Elle ne supportait plus de rester à proximité de son père et de sa pimbêche de copine, il fallait qu'elle prenne l'air. Sauf qu'elle avait imaginé de prendre l'air en se faisant payer un appart en plein cœur de Manhattan par papa. Le point positif c'est qu'au moins elle restait prêt de Margot, même si le fait d'avoir débarqué dans cette ville lui faisait un peu peur. Si Clare connaissait toutes les ficelles de la grande pomme, il y avait fort à parier qu'elle ne correspondrait pas forcément au model de la parfaite habitante de Salem... Il fallait être un peu réaliste : l'accent des gens lui donnait envie de pouffer, elle trouvait leurs croyances débiles et leurs styles lui brûlait la rétine. Ca s'annonçait définitivement compliqué.